[ailleurslatete]

Accueil / Aperçus / Lecture verticale

Lecture verticale

lundi 26 novembre 2012, 17736e jour de mer, par JC Sekinger

Nous humains occidentaux de la fin du monde, avons vécu un siècle et une société qui à chanté les Écritures au cours d’Offices nocturnes. Lectio, lectionis : Leçon. Pénombre des monastères. Moyen-Âge. Lecture verticale.

Quelques siècles après : Certaines églises résonnent brièvement des Leçons de Ténèbres. François Couperin, Marc-Antoine Charpentier. Les plus connus.

Quelques siècles encore plus tard, dans les écoles devenues laïques et sous la règle positiviste, Leçons de Choses et Leçons de Morale. Nous n’étions plus que dans un monde devenu plat, le Flatland de Edwin A. Abbott et il fallait bien s’orienter pour progresser horizontalement parmi les Choses du monde physique et celles du monde éthique.

Mais en 1949, Une Leçon de morale.
Leçon qui rend l’homme a lui-même, à ce qui le traverse de bas en haut. Paul Éluard :

Le Désespoir besoin d’aimer

Au mal :
 
L’orage avorte la pluie pèle
Et le soleil sonne le creux
Soufflez gorets râlez corbeaux
Jeunesse bave dans les caves
 
Le froid noir s’installe aux lucarnes
Faute de vivre l’on vivote
Savoir fait l’aumône aux ignares
La rouille a des racines d’or
 
La belle chair est une ortie
La lèvre gèle en un baiser
On glisse dans la boue du cœur
Les morts habitent des palais
 
Qui que tu sois saisis une arme
Et venge-toi de ce désastre
Les miroirs ont proliféré
Pour qu’on cesse un soir de s’y voir.
 
Au bien :
 
Merveille c’est d’aimer encore
Malgré ce mur illimité
Comme un mineur qui songe au jour
Le jour son cœur le fait monter
Tu n’es pas là ton corps existe
Et les étoiles de tes mains
Disparues sont toujours présentes
 
Vois le poète se transforme
Je rêve j’ai toujours rêvé
Au crépuscule en négatif
Et la merveille aurait pu être
De ne pas naître d’être absent
Mais toi tu vaux d’avoir été
Et d’être en dépit du néant
 
Je sais tes seins je sais ton cœur
Tes yeux qui s’ouvrent en mes yeux
Malgré mon vieux rêve d’aveugle
T’aimer chante assez haut la nuit
Pour allumer un autre monde
Que celui de ma propre vie
T’aimer me rend à tous les hommes.

,