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Cosmogonie
17964e jour, par
Au début, il y a l’indistinct.Ni clair ni sombre, ni tout ni rien.Puis il y a séparation :surface, distanceEt temps,puisqu’il faut bien les parcourirComme le sable de la plagescintille dans le sablierAlors sont séparésles battements du cœurles allées et venuesles lèvres, des baisersle ventre, des caresses,la parole, des silencesLes figues tombent du figuiertu te penches pour mieux les voirles fourmis affairéesdans le sucre des fruitsLes mains sont loin l’une de l’autrepour qu’elles se trouvent,pour se déprendre, pour saisirdéposer, protéger, offrirLa fleur est éloignée du soleil qui l’embrassesinon elle ne s’ouvrirait paset de l’air qui l’entoureen portant son parfumLa source est loin de l’océanpour que s’écoule une rivièreles visages sont séparéspour apparaître en un regardEt ces mots, noirs, sont des rochersdans les remous blancs du papier