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« Comme si le vol sortait de l’oiseau »

jeudi 5 avril 2012, 17501e jour de mer, par JC Sekinger

Puis... comment dire ? comme si le vol sortait de l’oiseau, un vol qui continue sans l’oiseau et qui s’unit à l’Espace... Il n’y eut plus de conscience, plus de « conscience de quelque chose », corps, âme ou oiseau : rien...
Mais ce rien, ce no-thing (pas une chose, disent mieux les Anglais), c’était l’Espace qui contenait le vol, la cage et l’oiseau, cette vastitude contenait la conscience, l’âme et le corps, ce n’était rien de particulier, de déterminé, d’informé. Cela n’est Rien, cela Est... c’est tout ce que je peux dire.
Pendant ce « temps-là », ou plutôt pendant cette « sortie de ce temps-là », on préparait mon enterrement...
Que s’est-il passé ?
Je me souviens seulement d’un homme qui a crié en français : « Il n’est pas mort ! » et on entreprit alors des choses désagréables pour me réanimer. Le vol revint dans l’oiseau, l’oiseau redescendit dans sa cage, l’oiseau suffoquait, il n’arrivait pas à respirer, on lui mit dans les poumons « un air qui n’était pas le sien », on lui transfusa dans les veines toutes sortes de liquides qui n’étaient pas son sang...
Quand il commença à gémir, tout le monde fut rassuré : « Il sort du coma. »

Jean-Yves Leloup − source

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