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Tissu d’idées

15853e jour, par JC Sekinger

Ce que je vois de moi, à la première personne, est très différent de ce que vous en voyez ou de ce que j’en vois dans un reflet ou, pire, sur un film. A la première personne, j’avance vers vous avec mes illusions, l’impression, ou, plus précisément, la surimpression, d’être conforme à un idéal, à un tissu d’idées. Devant le film, je ne m’habitue vraiment pas à ce que je vois : un type assez chauve, tordu, raide et maigre comme un porte-manteau ; et si le film joint l’image au son, les idées que j’ai de moi passent à la vilaine moulinette de ma corde vocale gauche (l’autre est un peu en rade) : j’ai une voix mâchouillée, avec de brusques plosives et un rire tonitruant.

Le drame c’est cette différence incommensurable : celui que vous pouvez serrer dans vos bras, c’est bien moi mais c’est aussi quelqu’un que je ne connais pas.

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