[ailleurslatete]

Accueil / Chroniques / Théatre de la Communication

Théatre de la Communication

lundi 6 novembre 2006, 15524e jour de mer, par JC Sekinger

Acte I

Dans une chambre. La lumière est blafarde. La mère met le petit enfant en pyjama et se dispute avec le père couché, résigné et qui se défend à peine :

- Tu fuis toujours, tu es déjà couché alors que j’ai besoin d’aide !

Le père se recroqueville.

Acte II

Plus tard dans la nuit. La chambre est dans l’obscurité. Il y a un lit avec le père et la mère et un petit lit à barreaux avec le petit enfant dedans. Le père tourne le dos.

L’enfant est éveillé et se met à pleurer. La mère excédée secoue le père qu’elle réveille en sursaut :

- ça fait trois fois que je me lève, vas-y toi !

Le père allume le minuteur, se lève en titubant et va jusqu’au petit lit. Le petit enfant se dresse alors et crie en pleurant :

- Maman ! Maman ! Maman !
- Chut ! Maman dort.

Le père ploie l’enfant qui se cambre, pleure et appelle de plus belle. Il le force encore, l’enfant s’accroche et hurle :

- Maman ! Maman ! Maman !
- Chut ! Il faut dormir maintenant, il faut te coucher, maman dort...

Les cris vont crescendo, le petit enfant est debout, accroché aux barreaux, éploré et la faible lumière du minuteur s’éteint.

Acte III

La scène est dans l’obscurité. Le père est penché vers le petit enfant hurlant, il le prend dans ses bras, l’enfant se débat et appelle :

- Maman !

Le père le berce, l’enfant se calme peu à peu. Ses cris et ses pleurs disparaissent dans des hoquets et des soupirs. Le petit enfant s’abandonne, on devine que le père penche la tête et que ses bras se serrent avec douceur sur la chaleur et le silence. Ils restent longtemps ainsi, embrassés dans l’obscurité.

Acte IV

Le père a précautionneusement recouché l’enfant assoupi et soupirant puis s’est recouché lui-même. Il a les yeux ouverts et pense à ce qu’il vient de vivre.

- Papa... murmure l’enfant
- Oui, bébé, je suis là, rassure-toi.
- Maman... murmure l’enfant
- Elle est là aussi maman, nous sommes ensemble avec toi.

Alors le père comprend, se tourne vers la mère qui semble dormir et pose une main sur son dos.

Silence.

Rideau.