Observer (2)

Observer c’est traverser les apparences sans s’arrêter avant elles et s’il est nécessaire d’en rendre compte, dessiner est une possibilité de le faire, de le désigner. Mais comment faire et cela s’apprend-t-il ?

Dessiner ce qu’on observe c’est s’en retirer assez, s’en abstraire oserais-je dire. Se reculer physiquement à une fois et demi la plus grande dimension de son modèle pour être sûr de n’avoir pas à trop bouger la tête et se reculer psychologiquement en cessant de substituer notre savoir à notre vision. Savoir légitime mais qui filtre et simplifie (c’est son rôle) l’incompréhensible complexité des apparences. Il y a de nombreux outils pour ça mais le plus utile d’entre eux est le crayon qu’on tient bras tendu et qui sert d’instrument de mesure des dimensions relatives.

Tout le monde peut-il apprendre à dessiner ce qu’il observe ? Déjà, tous ceux qui peuvent écrire, c’est à dire recopier des lettres de manière lisible ; les autres pourront bien sûr apprendre à dessiner, c’est à dire rendre compte fidèlement des apparences, avant d’apprendre à écrire !

Observer c’est aussi obéir : s’agenouiller devant l’étrangeté des apparitions du monde. En quoi un dodécaèdre et un cube seraient une figure de cette « étrangeté des apparitions du monde » ? Ça n’est qu’un exercice bien sûr mais c’est vous qui voyez.