[ailleurslatete]

Accueil / Notes en l’air / Hupomnêmata (ὑπομνήματα) / Les reproches

Les reproches

mercredi 16 décembre 2009, 16660e jour de mer, par JC Sekinger

Chacun a des reproches à faire aux autres.

À tous les autres ? Pas à ceux ou celles, en tous cas, qui ne lui sont pas assez connus. Mais, à mon avis, il pourrait toujours arriver qu’un jour, le plus saint homme se voit reprocher d’avoir le regard trop clair ou l’haleine trop forte. En fait, chacun pourrait un jour reprocher à tous les autres d’être, précisément, des autres !

Chacun fait plutôt des reproches à celui ou celle qu’il pourra le plus facilement vaincre (car fuir n’est pas très glorieux si on est pas habitué à cette souplesse).

Une solution serait d’éliminer d’abord ceux-là, puis tous ceux à qui on a quelque chose à reprocher et aussi, de manière préventive, ceux qu’on ne connait pas encore assez pour leur reprocher quoique ce soit (on n’est jamais assez prudent). Chacun éliminerait donc tous les autres et il n’y aurait plus personne [1]. Fin de l’histoire.

Mais au fait, êtes-vous vraiment ce qu’on vous reproche d’être ? À cette question, chacun répondra pourtant « non » et ce sera légitime : il n’est jamais ce que les autres voient de lui ! Chacun est seul à se voir tel qu’il est et même, seul à voir. Je ne me hasarderai pas à dire ce qu’est chacun essentiellement pour lui-même : chacun est bien seul à le voir !

Dans ces conditions, les reproches qui vous sont adressés, ne le sont qu’à ce que vous n’êtes pas vraiment : les alentours de vous-même.


[1Peut-être n’en resterait-il plus qu’un mais, broyé de culpabilité, il s’éliminerait lui-même.