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L’orage

dimanche 22 juin 2008, 16118e jour de mer, par JC Sekinger

Dans le ciel noir, la lune et les étoiles ont disparu. L’orage gronde. Sourdes explosions, lointains effondrements et violents éclats bleus.

Je ne connais pas la guerre. Si ce n’est celle que l’homme livre à la nature, qu’il le veuille ou non, qu’il le sache ou non. Des deux chats qui vivaient ici, il n’en reste qu’un. Le plus sauvage, craintif... bête précisément. L’autre était assez intelligent pour être téméraire, voleur et fourbe. Est-ce à cause de ça qu’il est mort si tôt dans des souffrances incompréhensibles ? Quoiqu’il en soit, je crois que les hommes qui font la guerre à la nature sont assez intelligents pour être fourbes mais pas assez, loin s’en faut, pour être sages.

Le vent se lève et la pluie commence à tomber, de plus en plus fort, du murmure à la rumeur. Passent des vagues de tumulte comme si l’orage glissait ses poings dans le jardin et sur les toits, comme s’il s’appuyait aux fenêtres. S’il pleut trop fort, le chéneau débordera et l’eau gouttera au plafond, ruissellera le long des murs. L’alarme d’une voiture se met à gémir bêtement, la pluie tambourine par assauts, la nuit tonne et la sirène continue.

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