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Et ne me regarderait pas

mardi 6 avril 2021, 20789e jour de mer, par JC Sekinger

Valentina,
 
j’ai bien compris cette fois ton souhait de m’oublier.
Même si je n’en comprends pas la raison, je l’accepte
et même si nous n’en parlerons jamais.
Nous nous connaissions depuis nos quinze ans,
nous en avons cinquante-six désormais
Nos cheveux ont un peu blanchi
sous le soleil et la pluie.
Je ne suis jamais arrivé à t’appeler « Valentine »,
j’ai toujours préféré « Valentina »,
le prénom de la première astronaute
(Valentina Terechkova)
Tous mes souvenirs de toi sont beaux,
même si les derniers d’entre eux
ont l’effrayante beauté des cataclysmes.
Je ne t’oublierai pas et il me semble que,
même si je le voulais,
(et je ne le veux pas)
je n’y parviendrais pas.
Mais
j’espère vraiment que tu m’oublieras,
que mille bonheurs effacerons mes pas
et que tout un jardin grandira là
ou une friche
ou ce que tu voudras
(et ne me regarderait pas).

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