J’ai toujours éprouvé le besoin de me rappeler l’odeur d’une certaine maison de mon enfance, celle dont j’ai dû partir à dix-huit ans mais que j’ai choisi de quitter. Enthousiaste, effrayé et étourdi. Je ne savais même pas qu’il fallait de la lessive pour laver du linge.
Alors que, trente ans plus tard, je suis devenu père à mon tour, deux fois, alors que je vis dans notre maison où, pour nous réchauffer tous, je fais du feu — elle m’a dit que je devais partir.
Elle et moi comprenons peu à peu, pas à pas, (...)
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Chroniques
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Choisir ce qui nous effraie
3 avril 2011, par JC Sekinger -
Rester au soleil
24 mars 2011, par JC SekingerIl est assis au bord de l’eau. Des souvenirs lui reviennent. C’est à cause du fleuve. Il les regarde s’éloigner et disparaître.
Il se dit qu’après quinze ans il est compréhensible qu’elle le repousse. Mais que doit-il faire ? Ils ont des enfants et d’ailleurs, s’ils n’en avaient qu’un le problème serait le même. Que faire ?
Rester au soleil, ébloui deux fois, assis sur la rive droite, où le fleuve ne monte (...) -
Est-ce enfin bientôt vide ?
14 mars 2011, par JC SekingerIl laisse la porte entrouverte en sortant, fait quelques pas dans le jardin, tourne un peu à gauche et s’arrête. Il fait demi-tour, entrevoit dans la porte vitrée le reflet de son corps, un plancher et une table jaune, à travers. Il voudrait crier mais quoi et à qui ? Les arbres vont défleurir, il n’aura rien saisi. Il franchit deux portes et trébuche contre un angle. Est-ce enfin bientôt vide ? Totalement désespérant ? Mais il attend encore (même s’il ne sait plus (...)
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La pelleteuse
14 mars 2011, par JC SekingerElle a trouvé le moyen pour ne plus lui laisser voir ou entendre, croit-elle, de mépris ou de haine : elle ne lui parle plus et l’interrompt brutalement lorsqu’il cherche ses mots. Il ne doit rien chercher. C’est coupant et terrifiant. Voilà des semaines que ça dure. La nuit dernière, il a rêvé qu’une pelleteuse dévastait le jardin et arrachait les volets.
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« maman, papa »
7 mars 2011, par JC SekingerC’est dur en ce moment.
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Il ne saisissait rien
25 février 2011, par JC SekingerIl avait bien des mains, et des doigts à celles-ci, mais ne pouvait néanmoins rien saisir. Non qu’il manquât de force, de coordination ou de volonté, mais il ne pouvait rien saisir. Le corollaire de cette impossibilité était qu’il ne pouvait rien comprendre non plus. C’était facile, alors, de parler de lui, on faisait des phrases courtes avec un seul verbe.
Tant que d’aucuns ont eu assez d’amour, de sens du devoir ou de pitié, il a été nourri, désaltéré et vêtu, on lui parlait avec patience, en (...) -
« Principes d’intervention »
11 février 2011, par JC Sekinger -
Certains arbres
10 février 2011, par JC SekingerSi je ne réagissais pas rapidement, voir certains arbres me ferait pleurer (déjà que ça me serre le ventre). Faut pas se laisser emporter. « Fait chier quand même ! » me dis-je.
[vert]#détourner #regard[/vert] -
Rébus de coups
4 février 2011, par JC SekingerRébus de coups
Vous êtes prisonnier. Imaginez que vous deviez communiquer avec l’occupant de la cellule la plus éloignée de la vôtre, au bout du couloir. C’est simple : vous frappez sur le mur qui vous sépare de la cellule voisine, le message est relayé de mur en mur, jusqu’à celui de la dernière cellule. La réponse vient ou ne vient pas et si elle vient vous n’avez que peu de chance de la comprendre : vous risquez pleinement de vous méprendre. Contrainte dite « du prisonnier »
Vous avez beaucoup à (...) -
Il s’est rappelé Bernard Noël.
2 février 2011, par JC SekingerDans la rue, après la passerelle, il y eut comme un léger retournement de l’air. Il s’est hâté vers le tramway, s’est assis bien droit et a vu qu’il ne regardait plus mais que l’air même le regardait (il regardait d’ailleurs dans toutes les histoires). Il se dit que l’air était le même à travers son visage, à elle, et il s’est rappelé Bernard Noël.
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