Après une bonne quarantaine d’années d’enfermement, je me trouve à un seuil. La porte encore fermée s’ouvrira-t-elle sur la mer lumineuse et vive, ou sur un autre sombre réduit, une autre dépendance de la terre plate ? Ne nous affolons pas, il ne s’agit que d’un changement total de paradigme après tout.
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Chroniques
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Le seuil
10 décembre 2012, par JC Sekinger -
Tête penchée
13 octobre 2012, par JC Sekinger -
Se reposer
5 septembre 2012, par JC SekingerImpression d’être exclu de soi, enfermé en soi plutôt, et rencogné. C’est sans doute une callosité de l’âme trop mâchée de coups. Hypoesthésie et inhibition. On sourit bêtement et on pleure silencieusement dans un recoin de soi. Angle rentrant le plus abandonné. On ne doit rien laisser paraître, transpirer, transparaître. On cherche les regards et les sourires pour nous tenir d’un jour à l’autre. Impression aussi de n’avoir plus vraiment ses pieds au sol. Il faut se confier pour se poser, se reposer. Ça va (...)
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Le mariage
2 septembre 2012, par JC SekingerComme je te le racontais brièvement, je suis resté tassé par la foule dans un coin de la chapelle. Prisonnier volontaire, triturant un brin de menthe cueilli en chemin. Foule des mariages.
Je n’ai bien entendu que le marié, mon ami, qui parlait lentement et d’une voix forte. J’ai toutefois saisi les premières lignes d’un extrait de L’Éloge du mariage, de l’engagement, et autres folies de Christiane Singer. Livre lu peu de temps avant mon divorce comme une dernière tentative pour ne pas couler.
Toute (...) -
Pour une femme qu’il ne connaît pas
29 août 2012, par JC Sekinger− Pourquoi tu n’en achètes qu’un ? Il bredouilla des réponses en se redressant un peu crânement. À vrai dire, elles se mélangeaient entre son âme et sa bouche, c’est pour ça qu’il n’arrivait pas à en articuler une. − Tu aimes ça les oreillers de plumes ? − Quand j’étais petit, voir la mousse synthétique me donnait la nausée.
Il se rappelait certaine affreuse colonie de vacances (d’ailleurs elles étaient toutes affreuses), les couleurs grossières et pâles des bourres déchiquetées. Il se rappelait aussi — et ce (...) -
Un instant, il s’est arrêté
26 août 2012, par JC SekingerTrès troublé, il a lu et pleuré sur les quais. Dans une enclave temporelle. Assailli par des fantômes.
Il ne prend pas de précautions avec ses sentiments.
Il a marché assez vite, espérant laisser ses pensées derrière lui parce qu’elles attaquaient son visage. Il a marché vite mais près d’un garde-corps, il s’est mis à boiter et elles l’ont rattrapé.
Il s’est assis, très las, et elles se sont posées sur ses yeux.
Abandonné, il est resté le plus droit possible. Dedans au moins, semblait-il penser, il se (...) -
Ce ciel immense dont il voudrait voir plus
24 août 2012, par JC SekingerLe petit moi prend ses repères, peu à peu. Soulagé d’abord de n’avoir plus à correspondre à quelque modèle — familial, conjugal, professionnel et social — en partie incompréhensible et par ailleurs, tantôt inaccessible, tantôt inacceptable. Il ne s’attendait pas à se sentir ainsi débarrassé.
La semaine prochaine, avec ses enfants, il ira acheter un chevalet dont la dimension haute conviendra à sa petite chambre.
Sa vie a été presque entièrement démolie et c’est tant mieux : plus simple. Il y voit mieux. Il (...) -
Notes d’un cas isolé (il fait si noir)
17 juillet 2012, par JC SekingerTa petite histoire de vie s’étrangle dans un puits. Il faudrait te laisser partir dans le sommeil comme si enfin tu n’allais pas en revenir. Elles sont si belles et volatiles, vous vous croisez, vous ne faites que ça, spectrales mais puissantes. Tu n’attires pas leur regard. Il fait si noir.
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Journal précipité
9 juillet 2012, par JC SekingerMerci mon cher Antoine de dire si fortement l’irrigation de ma puissance !
Merci de me rappeler qu’il est juste de ne regarder que vers l’inaccessible perfection des étoiles
Et de toujours marcher vers elles
Sans jamais se croire arrivé.
Garder aussi mes mains aux gestes les plus simples.
Car ils seront toujours les gestes les plus doux et les plus clairs.
Cette cellule où je vis, que j’en nettoie chaque angle, accroupi, plissant les yeux dans la demi-obscurité de mon histoire.
(J’ai tourné (...) -
C’est ce qui me semblait
30 juin 2012, par JC SekingerC’est ce qui me semblait : je me trouve dénudé. Je n’ai rien abandonné du premier cuivre de mon sang — qui le pourrait ? — mais ma petite histoire est désormais cette mince étendue translucide, de feuilles décollées. Ne me touchez pas, n’approchez pas : je vais pleurer en ignorant pourquoi. Ou pleurez avec moi, oui, serrez-moi dans votre douceur et emportez-moi dans votre danse au bord de l’eau, que n’épaississe pas ma peau contre le ciel (...)