J’ai deux paires de lunettes. Une pour peindre, l’autre pour marcher. Il était trop compliqué et coûteux de n’en avoir qu’une. Une quand j’ai mal à la tête, l’autre quand j’ai mal à la tête. Lorsque j’ai trop longtemps oublié de les intervertir. Une quand, dans la rue, je ne veux voir personne, l’autre quand je veux voir tout le monde. Pour lire, l’une ou l’autre est posée sur mon front, ou au bout de mon nez, ou sur une table. L’autre est toujours dans un étui à lunettes noir, dans mon sac — je ne sors jamais (...)
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Notes en l’air
· Une anagramme ? « Aléa et illustré »
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J’ai deux paires de lunettes
20 mars 2017, par JC Sekinger -
Entre les visages
19 mars 2017, par JC SekingerEau d’un fleuve pour s’avancer Eau dans deux gobelets transparents Arbres gris, très haut dans le ciel gris Arbre tout petit avec un rêve de Kumquats Pont très long avec une fleur rouge Pont entre les visages
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Faînes
18 mars 2017, par JC SekingerDans la poche gauche de mon manteau, dorment des faînes de hêtre, rouge Sandragon, flammes tétraédriques douces à tourner sur elles-mêmes, entre mes doigts et dans la nuit de laine noire.
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419 jours
10 mars 2017, par JC SekingerPerdues les notules des 419 derniers jours. Perdu des cheveux et des dents. Gagné cinq mille ans, gagné des bruits d’estives et de torrents.
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page 1929, jour 19221
20 décembre 2016, par JC Sekinger... et je me sens aimé : je ressens peu à peu cette force de vie, étrange et familière, irriguer et briller dans la nuit de mon corps (tout autour des butées de terre noire et profonde).
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Le cerf-volant orange sur le ciel bleu
7 janvier 2016, par JC SekingerJ’avais 21 ans. C’est grand pour jouer au cerf-volant mais je ne jouais pas. Je partais dans les champs avec mon cerf-volant orange.
J’en avais allongé le fil, d’une ou deux bobines de nylon transparent.
Je pêchais dans le ciel. Je laissais filer ma ligne très loin.
En allant loin dans le ciel, c’est comme si je me trouvais au début de mes yeux, où le regard commence.
Un jour où le cerf-volant n’était plus guère qu’un point orange, très haut, très haut, deux corbeaux sortis des nuages l’ont approchés (...) -
Si on ouvre les bras
3 janvier 2016, par JC Sekingerse dire qu’on ne sait pas aimer se dire que quelqu’un sait (elles semblaient tellement certaines) se dire qu’en fait on ne saura jamais (trop idiot ou mal parti) mais se dire que peut-être il n’y a rien à savoir, que personne ne sait vraiment puis se dire qu’il faut tout inventer, qu’il faut se débrouiller, qu’on y arrivera se dire enfin qu’on sait aimer si on ouvre les bras (ce serait déjà (...)
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Ovale, mon ami
3 janvier 2016, par JC SekingerOvale, mon ami, a la forme d’un œuf. Les mots sont liés les uns aux autres. Pas à tous les autres. Comme les autres choses tu sais ne le sont pas à toutes les autres. Il y a des domaines. Ils se prolongent souvent mais jamais ne se confondent. Les oiseaux, les œufs, la palette de bois et les coups de pinceaux... ceux-là se touchent, roulent ou vibrent d’un côté à l’autre de leur domaine. Mais le mot « lune » et le mot « chien » ne s’appellent que de loin. Quant aux mots « pulsar » et « rive », ils ne se (...)
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Ligne de vie
1er janvier 2016, par JC SekingerCette nuit, j’ai rêvé que quelqu’un me faisait remarquer une ligne de ma main gauche, au dessus du pouce, un pli simple et profond. Vers 5h j’ai eu une insomnie et j’ai réalisé que c’était la marque de ma palette : je la portais en passant le pouce par son ouverture ovale il y a longtemps.
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Et de rivière bleutée
26 décembre 2015, par JC SekingerJ’ai besoin de dire à quelqu’un que je l’aime. C’est de la pomme du Japon et de la pluie battante, de l’étoile la plus proche. Cette lumière tremble en moi et se soulève avec mon cœur. 18861e jour dans ce jardin — un peu voûté, Corps de cette parole imprécise et solaire, de feuilles d’arbres en arbres et de rivière bleutée.
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