Entre les barreaux de la seule fenêtre de son appartement, Z regardant vaguement devant lui (bossu se penchant parfois pour manger à même la casserole), se voit soudain comme dans la cage d’un zoo, à regarder passer les touristes. Il se rappelle qu’enfant, dans un zoo, il avait vu, ébahi, un grand orang-outang cracher de la pomme sur sa mère : enviable mépris du triste, puissant et calme prisonnier. Ce géant, cet « homme de la forêt », avait touché ce qui était pur dans l’élan de vie du petit enfant (...)
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Histoires
· Une anagramme ? « Aléa et illustré »
Ces histoires sont de réelles fictions
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Un repas de Z
3 juin 2012, par JC Sekinger -
Danser silencieusement ?
1er juin 2012, par JC SekingerV, son grand ami, avait un jour fait remarquer à Z, qu’il voyait dans le premier mouvement des applaudissements sincères, la volonté très enfantine d’attraper, bras ouverts, quelque chose devant soi, et, dans le deuxième mouvement, le claquement des mains qui se referment l’une sur l’autre sans avoir rien pu saisir. Mouvements répétés ad libitum, puis mécaniquement avec, alors, toutes sortes de nuances cachées à la foule des dos tournés et connues de soi seul.
Il y a plus de vingt ans et puis V n’est pas (...) -
Le cadre du monde
31 mai 2012, par JC SekingerZ ne comprend pas que ses contemporains ne soient pas, comme lui, fascinés par les énumérations : nombre de types de nuages, de polygones réguliers, de modes d’expression, nombre de mudras, d’organes des sens, d’orifices du corps... Il faut préciser que Z n’éprouverait aucun plaisir à connaître le nombre des barreaux de la fenêtre de son appartement ou celui des zoos français dans lesquels il y a au moins un loup, non : les énumérations dont Z a besoin sont celles qui lui font entrevoir l’ordre de (...)
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Des schémas illimités
28 mai 2012, par JC SekingerEntre le sommeil et le moment où Z ouvre les yeux, longtemps, puis sous la douche, quand il marche, quand il attends le tramway, quand il est assis dedans, quand il voit certaine chose singulière... c’est le moment des grandes synthèses, des relations rapides et croisées qui s’étirent sans s’épuiser, c’est le moment des gravités impondérables et des schémas illimités.
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Aucune pensée
26 mai 2012, par JC SekingerIl lisait, assis sur les quais, et une idée le frappa : il posa soigneusement son livre, sortit son carnet, chercha sur sa montre à lire les petits chiffres de la date, les nota et écrivit dessous — en grandes lettres maladroites : « il y a des apparitions qui ne se laissent réduire à aucune pensée ». Après avoir raturé puis réécrit « apparitions », douté un instant de « pensée », il rangea son carnet avec le plaisir d’avoir, si rapidement, mis des mots, si précis, sur cette intuition, si vaste ; ce qu’il lui (...)
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Comme des branches
26 mai 2012, par JC SekingerParler de soi ad nauseam. Plusieurs fois, il s’est révolté contre lui-même, soulevé de dégoût. Ne plus parler.
Z, ou qui que ce soit — il ne sait plus quel nom avoir — voudrait se taire enfin, et que se taise enfin la rumeur qui le parcourt en tous sens et le traverse comme des branches. -
« J’ai de la chance » ajouta Z
23 mai 2012, par JC Sekinger« Ce sont des souvenirs qui sortent de la tête, sous forme de doux et fins petits liens, plus ou moins longs, et — que cela te plaise ou non — nous attachent au passé ».
« On a beau les coiffer, ne pas trop regarder, il faut parfois les (faire) couper, voire tout raser »
« J’ai de la chance » ajouta Z, « mon alopécie androgénogénétique est en train de gagner ». -
Z ne sait pas ce qu’est l’amour
21 mai 2012, par JC SekingerZ est assis sur le banc humide, dans le vent froid.
« Il y a des gens très avisés qui savent ce qu’est l’amour ou, pour être précis, qui disent savoir ce que c’est. Moi, je ne sais pas ».
Z a froid dans le vent gris, sous la petite pluie insidieuse et mouvementée. Il est assis, recroquevillé et tourmenté.
« Les choses ne sont pas enfermées dans les noms qu’on leur donne : Ce sont les noms qui, au contraire, y sont minuscules et cachés — les choses dont ils parlent sont bien plus grandes qu’eux ».
Z (...) -
Z et le pain béni
19 mai 2012, par JC SekingerLe pain béni est pour Z, une grande galette ronde de brioche, surface divisée en carrés rebondis, (la quadrature du cercle enfin réalisée ?) parsemée de petits cylindres en sucre, multicolores, découpée selon ces carrés, déposés sur le linge blanc aux contours brodés, qui couvre l’intérieur d’une grande, hémisphérique et légère corbeille d’osier, par le modeste et incliné sacristain, dans l’étroite pièce blanche et fraîche qui sent le moisi, où sont rangées les aubes et les chasubles, sur des cintres dans une (...)
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Z et l’incidence de la mémoire
19 mai 2012, par JC SekingerZ vient de voir en rêve et au ralenti, dans des images simples aux éclairages bleutés, comment la remémoration modifie le présent — supprimant des petits rectangles de fenêtres par-ci, dédoublant des silhouettes par-là. « il y a bien incidence de la mémoire sur la vision » se dit-il.
Depuis des années, Z écrit deux fois la voyelle se trouvant ordinairement seule devant une consonne ordinairement double mais qu’il écrit seule. « Voilà un exemple d’incidence de la mémoire sur les actes » se dit-il.
« (...)