Le zèbre, cheval des ténèbres, Lève le pied, ferme les yeux Et fait résonner ses vertèbres En hennissant d’un air joyeux. Au clair soleil de Barbarie, Il sort alors de l’écurie Et va brouter dans la prairie Les herbes de sorcellerie. Mais la prison sur son pelage, A laissé l’ombre du grillage.
(Robert Desnos, Chantefables, 1944-1945)
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Histoires
· Une anagramme ? « Aléa et illustré »
Ces histoires sont de réelles fictions
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« Le Zèbre »
27 juin 2012, par JC Sekinger -
Et il tourna la clé
22 juin 2012, par JC SekingerDe retour du magasin vers son appartement, un grand sac à la main, Z traversait en pensée les strates de sa propre humanité. Quittant en marchant vite, son histoire accidentelle, de contes emmêlés, de terribles nouvelles, franchissant celles de sa micro-société, la foule bigarrée, la place ensoleillée, et traversant enfin les espèces et les corps, descendait jusqu’au premier limon : rouge précipité de lumière et d’obscurité.
Z éteignait en descendant, les lampes qu’il trouvait, oubliant chaque fois les (...) -
Alors, il a laissé tomber
19 juin 2012, par JC SekingerZ a cherché aujourd’hui, surtout en attendant dans la laverie automatique, une lettre pour se prénommer. Juste pour la journée. Majuscule à la fois banale et inemployée. Mais, rares, elle lui semblaient étranges, ou banales, tout abîmées. Il se disait aussi, parfois, que quelqu’un pourrait se froisser, alors Z ne s’arrêtait pas là.
Le soir, il n’avait toujours pas trouvé alors, il a laissé (...) -
Z est parfois perdu
17 juin 2012, par JC SekingerPour répondre à une question, Z commence — semble-t-il — par dire toute autre chose, par répondre « à côté ». Nombre de ses interlocuteurs, lassés ou inquiets, ne l’écoutent pas jusqu’à la fin, ou s’enfuient même, profitant d’un silence — parfois long, et que Z explore presque toujours les yeux fermés. Ce qui est d’ailleurs chez lui, signe d’une profonde réflexion : Si deux miroirs se font face et que la question se trouve entre les deux, il faut fermer les yeux. Quand il les rouvre, généralement après sa bouche, (...)
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De la réunion des contraires
8 juin 2012, par JC SekingerAussi loin qu’il se souvienne, Z avait toujours voulu réunir — sans savoir comment — les faces opposés.
« Dans un premier temps, admettre qu’une chose est toujours vaguement globulaire et a toujours deux pôles opposés. Ça n’a pas l’air si important, mais si vous saviez, par exemple, le nombre de gens qui vivent dans l’attachement et préféreraient mourir que de se détacher ! Mourir bien sûr de cette mort qu’ils ne voient pas et repoussent dans l’inexistence. »
« Dans un deuxième temps, montrer que ces deux (...) -
Scintillant, magnifique (et blanc)
8 juin 2012, par JC SekingerScintillant, magnifique (et blanc), le sable qui s’écoule comme entre des mains jointes. Z pense soudain à Sunna No Onna, à l’entomologiste devenu lui-même insecte des sables et ne pouvant remonter, échapper au cratère du sablier.
Comme il est silencieux et décisif, l’écoulement du sable ! -
La face
7 juin 2012, par JC SekingerLa face, « réglée et non-orientable », de l’Anneau de Möbius, possède une particularité que ne possédera jamais une des deux faces d’une chose. Cette dernière étant incomplète et identifiable, on peut dire que la face de l’Anneau de Möbius est, au contraire, complète et non-identifiable. « Complète » parce qu’elle rassemble en une moirure merveilleuse, un indécidable chatoiement, des choses aussi contraires que face visible et cachée. On peut dire aussi, simplement, qu’elle est inqualifiable à cause même de sa (...)
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Ruban de Möbius
7 juin 2012, par JC SekingerUne bande de papier, une paire de ciseaux et du ruban adhésif suffisent à le réaliser : Le Ruban de Möbius, bande de papier vrillée d’un demi-tour (ou d’un nombre impair de demi-tours) avant d’être assemblée, ne présente plus qu’une face. Vous saisissez la signification symbolique de la chose ?
Z est sorti un instant déplacer les poubelles de sa rue.
Admettons que la plupart des gens reconnaissent que toutes choses vont par paires (ou que chacune à son revers).
Il écrit "admettons" parce qu’il (...) -
Des commencements
7 juin 2012, par JC SekingerPénible pour lui, de n’être jamais lu que mot à mot : mots vaguement gonflés par le lecteur meurtri de définitions hasardeuses et privées.
Les mots ne sont jamais des aboutissements, bouclés à grand peine sous le poids d’un genou : les mots sont des départs.
Pénible et douloureux de n’avoir jamais le temps de s’expliquer, face à des gens qui disent savoir, et seulement ça, mais qui ne voient pourtant qu’un seul côté des choses — même : une seule partie d’un seul côté des choses.
Les mots ne valent rien, (...) -
Au milieu du large pont
4 juin 2012, par JC SekingerZ n’étant pas de ces gens qui soliloquent et n’ayant que des interlocuteurs qu’il craignait d’envahir, il préférait écrire, et où qu’il soit, sortait son carnet.
Il en aimait l’usure, la façon qu’avaient ses angles de s’arrondir comme des marches d’escalier, de s’adoucir comme des savonnettes.
Il usait, en écrivant, les marches fragiles de son existence. Il s’appliquait a en laver les longues rayures obstinées.
Cet après-midi là, revenant de chez D, il s’est arrêté au milieu du large pont, au dessus du (...)