Il était une fois dans un petit pays jamais imaginé un lac très profond et vert, et poissonneux − poissons oranges et nombreux. Au milieu de ce lac, une île minuscule, gravier clair et sonore. Cercle parfait de murmures autour d’elle. Au centre de cette île, un grand tilleul du Caucase. Parmi les tourmalines de son feuillage, parmi les rinceaux argentés, un homme dort. Son rêve est une laine de mouton, une échelle de corde, un vigoureux tissage de saponaires Il rêve d’un petit pays jamais (...)
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Histoires
· Une anagramme ? « Aléa et illustré »
Ces histoires sont de réelles fictions
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Histoires pour m’endormir 2/n
5 août 2014, par JC Sekinger -
Histoires pour m’endormir 1/n
2 août 2014, par JC SekingerIl était une fois, la nuit tombée cet été-là, aux immeubles du quartier les lumières s’éteignaient une à une − exceptées celles des escaliers. Longtemps plus tard beaucoup plus tard, tandis que la lune était haute, que plus personne ne criait, une lumière brillait toujours : une petite flamme dans un photophore rose lumière hésitante et douce derrière une fenêtre seule sur la façade et seule dans le quartier. Celle-là endormira celui qui aura fait son lit tout en haut du peuplier (...)
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L’odeur des arbres
26 juillet 2013, par JC SekingerIl reconnaissait les arbres à leur odeur : celles des platanes, à l’odeur de la propolis, celle du pain restait légèrement sous les feuilles du tilleul, l’odeur de rivière annonçait les peupliers, les pins maritimes s’entouraient de la fraîcheur de la térébenthine, l’odeur des chênes était poivrée... Non que Z eut des connaissances notables en arboriculture au point d’identifier les arbres en allant juste dans leur ombre les yeux fermés. S’il les reconnaissait et les nommait exactement, c’est plutôt comme (...)
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Z explique un truc
17 juin 2013, par JC Sekinger -
Sa collection
10 juin 2013, par JC SekingerLe petit Z avait un jour commencé une collection. Elle n’était pas de timbres-postes de Madagascar, de sulfure d’ammonium du Solfatara ou de paillettes d’or dans de tous petits tubes, ni de sables de toutes les couleurs et de toutes ces plages du monde d’où des grands reviendraient de vacances.
Il y a une quarantaine d’années, le petit Z était allé une semaine en Italie, avec d’autres enfants de la paroisse.
De l’Auberge de Jeunesse il se rappelle de grands hommes nus. Il n’en avait jamais vu. Il se (...) -
Cette joie-là
25 février 2013, par JC SekingerIl marchait et le vent était froid. Il eut un frisson mais pas à cause de ça. Il marchait parfois les yeux fermés, dans le muet espoir d’apaiser la furie d’un trop-plein d’impressions. Durant quelques pas, il gardait des silences en lui, l’obscurité elle-même absente, sans voir, ni entendre, ni sentir. Mais cette fois, dans l’emmêlement du silence, il se fit une brève et grande cascade :
« J’ai bientôt cinquante ans et je suis heureux, il ne manque rien à ma vie ».
C’est ainsi que, dans le vent froid, (...) -
Compote aux étoiles
31 décembre 2012, par JC SekingerLa compote ne peut être pour moi que de pommes. Il m’a fallu une heure pour en éplucher de quoi emplir une grande casserole. J’ai pensé y ajouter de la badiane et une douce amie m’a suggéré, de si loin, de nommer le produit fini, cette délicieuse chimie culinaire, « compote aux étoiles ».
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La beauté
30 décembre 2012, par JC SekingerTout ce en quoi il avait cru s’effondrait.
Voilà plusieurs jours que Z voulait se regarder dans un miroir. Non pas se deviner dans le reflet d’une vitrine ou se voir en double dans la fenêtre du train, mais se regarder attentivement.
Il y a un petit miroir rond dans la salle de bain, posé derrière le robinet mais Z n’y a trouvé que l’incertain souvenir d’un visage : celui d’un lointain ami étranger qui le considérait gravement et avec lassitude.
Z perdait ses protections. Ce qu’il avait cru être une (...) -
De celui des nuages
30 juillet 2012, par JC SekingerQuelque chose n’allait pas entre le ciel et la terre. Plus exactement entre la lointaine flottille des nuages, lente et silencieuse, et la sombre échancrure des murs et des toits, de part et d’autre de Z.
Le ciel passait haut, gris et doux dans l’ouverture immobile et dure, lignes des corniches, bandes de rive en zinc, concourant décidément vers un point de l’invisible ligne d’horizon, à la hauteur des yeux de Z − toujours à leur hauteur. Un matin, il s’était accroupi sur la plage pour vérifier, (...) -
Z va partir
27 juillet 2012, par JC SekingerZ va partir.
Comme chacun semble-t-il, il va mourir, mais là n’est pas la question − bien qu’elle soit posée à chaque maison et tombe à chaque grain de sable.
Z doit, plus simplement, quitter son appartement noir pour un appartement blanc : Il en est terrifié. Il n’a jamais été aussi perdu et c’est ainsi que ce décollement de soi, se dit-il encore, ressemble à la mort.
« Détachement » était insuffisant, nettement, entre exercice spirituel et laverie automatique. « Arrachement » était trop déchirant. Il a (...)