Z, qui avait le même nom que l’ensemble des Entiers (comprenez N et R) songeait ce matin-là, aux deux façons opposées qu’on a de nommer certains nombres : « étrangers » ou bien « premiers entre eux ». Or c’est précisément, se disait-il, leur si grande différence qui fait leur complémentarité. Nombre d’entre eux sont très voisins, se disait-il encore, mais étrangers pourtant les uns aux autres. Seule, la primalité leur est commune et le sera toujours : ce petit éclat de vie dans les yeux, quand un humain lève (...)
Accueil > Histoires
Histoires
· Une anagramme ? « Aléa et illustré »
Ces histoires sont de réelles fictions
-
La primalité leur est commune
20 mai 2015, par JC Sekinger -
Immobile
9 avril 2015, par JC SekingerIl reste immobile devant la porte rouge de l’appartement où il habite. Comme tout à l’heure, deux fois, tête levée vers le ciel. Lui avait alors traversé l’esprit l’idée que certains nuages doivent plus leur forme aux mouvements de l’air qu’à ceux de l’eau. Maintenant, porte rouge. Lui traverse l’esprit en évoquant cet instant, qu’il ne peut pas dire « son » appartement. Ce serait absolument faux. Il a reçu deux livres : la Haine de la musique et Itinéraire de l’égarement. Il aime la musique, depuis qu’il a (...)
-
La partie imaginaire de z
30 mars 2015, par JC Sekinger« Dans le corps des nombres complexes on choisit un élément dont le carré vaut -1 que l’on note i. On appelle alors imaginaire pur un nombre z de la forme ia où a est un réel. Ce réel a est unique, c’est la partie imaginaire de z. Un nombre complexe z est un imaginaire pur si et seulement si l’une des propriétés suivantes est réalisée : « la partie réelle de z est nulle ; z = - z (où z est le conjugué de z) ; z est nul ou bien son argument vaut π/2, modulo π ; Le nombre iz est un réel ; (...)
-
Le diagnostic
4 janvier 2015, par JC SekingerIl y a un nombre inconnu de gens avant lui (le couloir a déjà fait plusieurs coudes) il y a des portes régulièrement, à droite et à gauche, fermées sur des bureaux, des salles aux bruits assourdis, dialogues incompréhensibles, chaises traînées, brèves sonneries. Il y a dans le couloir les bruits des jambes décroisées, des chaussures heurtées, des épaules frottées contre le mur, des toux. Il attend là. Devant lui se dresse un homme dont il ne distingue pas le visage perdu dans une brume noire. Devant cet (...)
-
Histoires pour m’endormir 8/n
27 septembre 2014, par JC SekingerIl était une fois un homme et une femme qui ne s’étaient jamais vus et avaient décidé d’aller l’un vers l’autre.
Ils le firent un jour de chaleur en fin d’après midi. Se donnèrent rendez-vous à l’angle de deux rues.
Plus tard, plus loin, ils marchaient côte à côte, s’observant à la dérobée mais aveuglés par le soleil, ne parvenaient pas à se voir et souriaient d’un air gêné.
Ils se parlaient d’un souffle et leurs paroles disparaissaient dans l’air brûlant. Ils auraient bien aimé progresser d’ombre en ombre. (...) -
Histoires pour m’endormir 7/n
21 août 2014, par JC SekingerIl était une fois, dans un petit quartier au bord d’une ville, dans une petite maison au bout d’un long jardin, au bout d’un long chemin, un homme très joyeux, pensif et souriant. « Ouvrier » répondait-il (pour dire secrètement qu’il œuvrait).
Il connaissait chaque arbre de son jardin : L’abricotier mort de sa belle mort, le figuier qui ne garde pas ses petits fruits, le pêcher étayé, le prunier si généreux, le sombre et vieux noyer près de la porte de la rue (qui fait fléchir sous le silence le dos des (...) -
Histoires pour m’endormir 6/n
18 août 2014, par JC SekingerIl était une fois un roi, fort âgé, digne et droit. Près de lui, il n’avait plus de reine, de princesse… ni chambellan, ni garde, ni sujets : Tous avaient disparu à reculons, s’inclinant une dernière fois.
Comme tous les rois, il trônait. Sous sa couronne, ses longs cheveux était parfois trempés de pluie car au dessus de lui, il n’avait plus de toit. Son royaume était désormais aussi petit qu’un potager. Autour de lui, plus de palais, plus de forêt bruissante comme une mer lointaine, ni de petits (...) -
Histoires pour m’endormir 5/n
14 août 2014, par JC SekingerIl était une fois, deux amoureux, l’un de l’autre, se serrant dans les bras, au bord du lac, assis entre les arbres. Le soleil au grand reflet éblouissant et vertical jusqu’à leurs pieds, réchauffe aussi la laine fine et douce, gris-clair et la veste légère et rouge. Leurs mains douces et fortes, audacieuses et timides, droites et gauches, se cherchent et s’étreignent, volettent et se posent comme des oiseaux dans les cheveux de l’une, sur les épaules de l’un. Lumière de lune, tissu de lin.
Dans leur (...) -
Histoires pour m’endormir 4/n
10 août 2014, par JC SekingerIl était une fois, par une nuit si sombre que se voyaient à peine les chemins les plus clairs, loin de toute maison, six enfants − les yeux grands ouverts dans le noir − qui marchaient l’un derrière l’autre. Marchaient silencieusement car la nuit peu à peu était entrée dans leur bouche. Les arbres étaient de grandes silhouettes, très grandes et indistinctes. Il y avait parfois, en plus du murmure pressé de leurs pas, un cri d’oiseau dans la forêt. Une chute de branche. Un craquement d’écorce puis la forêt (...)
-
Histoires pour m’endormir 3/n
8 août 2014, par JC SekingerIl était une fois, un petit garçon qui allait à l’école. Son écharpe lui grattait fort le cou ; elle était épaisse et d’un blanc-sale ; son prénom était brodé dessus en grosses lettres de laine bleu-foncée.
Le ciel était uniformément gris et se mit à neiger finement. Le petit garçon avait un gros sac sur le dos, lourd de beaucoup de livres et de cahiers , et enfonça plus loin ses petites mains dans ses petites poches.
La neige se mit à tournoyer, plus épaisse, plus serrée, et les maisons, à chaque pas, (...)