Z va partir.
Comme chacun semble-t-il, il va mourir, mais là n’est pas la question − bien qu’elle soit posée à chaque maison et tombe à chaque grain de sable.
Z doit, plus simplement, quitter son appartement noir pour un appartement blanc : Il en est terrifié. Il n’a jamais été aussi perdu et c’est ainsi que ce décollement de soi, se dit-il encore, ressemble à la mort.
« Détachement » était insuffisant, nettement, entre exercice spirituel et laverie automatique. « Arrachement » était trop déchirant. Il a (...)
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Articles
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Z va partir
27 juillet 2012, par JC Sekinger -
De celui des nuages
30 juillet 2012, par JC SekingerQuelque chose n’allait pas entre le ciel et la terre. Plus exactement entre la lointaine flottille des nuages, lente et silencieuse, et la sombre échancrure des murs et des toits, de part et d’autre de Z.
Le ciel passait haut, gris et doux dans l’ouverture immobile et dure, lignes des corniches, bandes de rive en zinc, concourant décidément vers un point de l’invisible ligne d’horizon, à la hauteur des yeux de Z − toujours à leur hauteur. Un matin, il s’était accroupi sur la plage pour vérifier, (...) -
Une révélation
15 septembre 2012, par JC SekingerAvant que le soleil ne soit levé, une couverture sur les épaules, dans le halo tremblant de la lumière d’une bougie, je découvrais et je modelais ma pensée : sur une page vide je déroulais des mots tirés d’un encrier. Je songeais à la rencontre de la lumière du papier et de l’obscurité de l’encre, à leur union, au sacrifice de leur absoluité, condition première de l’apparition du sens, logophanie de l’écriture.
Ces lignes sont extraites d’une autobiographie de 2003, Deuxième Berceau : Jeune homme, j’avais (...) -
La beauté
30 décembre 2012, par JC SekingerTout ce en quoi il avait cru s’effondrait.
Voilà plusieurs jours que Z voulait se regarder dans un miroir. Non pas se deviner dans le reflet d’une vitrine ou se voir en double dans la fenêtre du train, mais se regarder attentivement.
Il y a un petit miroir rond dans la salle de bain, posé derrière le robinet mais Z n’y a trouvé que l’incertain souvenir d’un visage : celui d’un lointain ami étranger qui le considérait gravement et avec lassitude.
Z perdait ses protections. Ce qu’il avait cru être une (...) -
Dans ce grand cercle clair
8 juillet 2013, par JC SekingerSouvent, je parle comme j’écris. Il y a écrire comme on parle et l’inverse. Moi, c’est plutôt l’inverse. Des sortes de courts poèmes en prose écrite me sortent de la bouche, à tout bout de champ, à chaque longueur de nez [1], portés par un air blanc venu de mes poumons et avant lui, du ciel. Parler ne peut se faire utilement qu’avec autre-que-soi. Dangereusement. Écrire par contre, se fait seul, penché sur une feuille − même petite − au milieu silencieux d’un cercle sur-réel [2]. Je parle comme j’écris (...)
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Changer la vie
15 septembre 2013, par JC SekingerJ’ai rêvé cette nuit, une phrase en deux parties. Une partie-jour et avant elle, une partie-nuit. Elle était si importante, décisive ! Je l’ai gardé pour ce moment où je pourrais l’écrire.
Chose étrange et assez belle sur l’instant, à chaque répétition, elle était plus concise, simple et claire.
Puis je me suis occupé des enfants, les petits-déjeuners, et cette phrase, devenue si claire, je l’ai oubliée.
J’ai le sentiment très fort qu’elle aurait pu changer la vie mais, après tout, c’est bien ce que les (...) -
« Deux mains, c’est beaucoup »
3 août 2014, par JC Sekinger« Je me sens faire partie, quant à moi, de la lignée des mathématiciens dont la vocation spontanée et la joie est de construire sans cesse des maisons nouvelles. Chemin faisant, ils ne peuvent s’empêcher d’inventer aussi et de façonner au fur et à mesure tous les outils, ustensiles, meubles et instruments requis, tant pour construire la maison depuis les fondations jusqu’au faîte, que pour pourvoir en abondance les futures cuisines et les futurs ateliers, et installer la maison pour y vivre et y être à (...)
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Histoires pour m’endormir 1/n
2 août 2014, par JC SekingerIl était une fois, la nuit tombée cet été-là, aux immeubles du quartier les lumières s’éteignaient une à une − exceptées celles des escaliers. Longtemps plus tard beaucoup plus tard, tandis que la lune était haute, que plus personne ne criait, une lumière brillait toujours : une petite flamme dans un photophore rose lumière hésitante et douce derrière une fenêtre seule sur la façade et seule dans le quartier. Celle-là endormira celui qui aura fait son lit tout en haut du peuplier (...)
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Comme on le dit des vagues
10 novembre 2014, par JC SekingerJ’ai décidé, obscurément et vaguement, que je devais écrire aussi pour un certain pouvoir des mots, celui qu’ils ont d’affleurer, de s’élever puis de s’évanouir : On ne pourrait oublier ce qui bout encore dans le sang et qui ne serait pas venu à la mémoire, mourir (comme on le dit des vagues).
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Huit et six
3 novembre 2015, par JC SekingerJe n’aime pas écrire les « 8 ». Je trouve un peu moche la façon qu’ils ont de doubler la quadrature circulaire de leur perfection en une instable et prétentieuse superposition. D’ailleurs, ils auraient l’air de quoi ces « 8 » si leur tête vide et sans cou roulait sur leur ventre vide et sans rien du tout ? De « zéros » elzéviriens : somme toute, de rien.
Ce chiffre partage avec le « 6 », qui celui-là n’a pas l’air terminé (on dirait bien aussi qu’il va tomber), de dépasser des lignes, ne pouvoir se cacher : (...)